«

»

Les châteaux en Tarn et Garonne

Conférence par Jean Michel Garric le mercredi 17 novembre 2021 à 18h à la Médiathèque, salle Marcelle Duba.         

LES CHÂTEAUX EN TARN ET GARONNE

Le mot « château », par le biais de l’ancien français « chastel » et « castel », dérive du latin castellum, qui désigne non seulement un édifice monumental de collecte des eaux mais surtout un repaire, un lieu fortifié de retrait et de sécurité, une redoute. Le « castrum » désigne quant à lui une localité close par des murs ou une palissade, et parfois placée sous la domination d’un château. Les deux mots seront néanmoins employés pour nommer une même réalité architecturale, celle du château « fort », ce qu’il est toujours aux siècles médiévaux.

Entre les XIe et XIIIe siècles apparaissent d’innombrables châteaux de bois établis sur des mottes plus ou moins élevées en terre rapportée. Ces édifices sont peu à peu remplacés par des constructions plus durables, en brique ou en pierre selon les ressources locales. Ils sont constitués de plusieurs éléments : les logis avec leurs dépendances, la chapelle, la grande salle et une tour maîtresse, qui n’est pas toujours habitable mais dont la présence marque le statut social du seigneur.  Ces édifices ne sont pas nécessairement édifiés sous une forme cohérente sur un plan préétabli, l’exemple de Bruniquel, où ils sont dispersés, le démontre. La forme et le type changent aussi selon les habitudes régionales, ainsi en Gascogne où l’on trouve de petits châteaux compacts et massifs associant tour et salle.

A Saint-Nicolas-de-La-Grave, à Labourgade avec Terride, à Bioule, apparaissent aux XIIIe et XIVe siècle un nouveau type : le château résidentiel ou château-palais, plus ouvert sur son environnement mais qui conserve les marqueurs habituels du pouvoir : muralité affirmée, tours aux angles, crénelage, fossés. C’est encore le cas à Larrazet en 1500, à Gramont avec l’aile Renaissance, dans de tout petit château comme celui des Fours en Lomagne, et à Piquecos où, en dépit de son aspect de forteresse, le château est en fait conçu pour le confort et l’agrément de ses occupants qui peuvent profiter de la vue au travers de larges fenêtres. 

Au XVIIe siècle, peu de châteaux sont construits dans les limites de l’actuel Tarn-et-Garonne et aucun ne possède l’ampleur et le développement des grandes demeures emblématiques de l’époque. Les derniers soubresauts des guerres de Religion se terminent tard (1629), les tiraillements entre confessions religieuses se prolongent jusque dans les années 1650 et les troubles de la Fronde perpétuent l’insécurité, une atmosphère peu propice aux grands chantiers. Soit on modernise d’anciennes demeures en les retouchant, surtout dans les intérieurs, soit on reconstruit sur leurs bases en conservant des volumes traditionnels (Reyniès).

C’est au XVIIIe que l’on bâtit le plus mais ces châteaux, ces grandes maisons de campagne, ont tous un air de famille. Qu’ils soient en brique ou en pierre, ils sont ramassés, compacts, de style néoclassique épuré. Les façades, qui font la part belle aux ouvertures et sont très peu ornementées, se parent souvent d’un fronton, qui joue le rôle symbolique autrefois dévolu au crénelage. Le château de Lamotte, à Bardigues, celui de Reyniès, tous deux établis sur des constructions de la fin du Moyen Age, sont les plus représentatifs de la période. Enfin, au XIXe siècle, les nouveaux châteaux, construits entre le Second Empire et la guerre 14-18, correspondent au goût de leur commanditaire et à leurs options politiques.

Le plus beau, le plus caractéristique aussi, est le château Saint-Roch, directement inspiré par le gothique finissant des châteaux de la Loire. Georges de Montbrison l’a voulu à la fois comme un écrin pour ses importantes collections d’œuvres d’art et comme havre nostalgique pour un catholique royaliste qui refusait les changements politiques survenus en France et qui, comme bien d’autres, avait choisi de vivre retiré en province.