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Pierres précieuses au Moyen Age

« Les Pierres précieuses au Moyen Age », conférence le 18 avril 2018 à 18h à la Médiathèque par Jean Michel Garric.

Ce mercredi, Mr Jean-Michel GARIC, conservateur du Musée des Arts de la table et de l’Abbaye de Belleperche nous a fait découvrir ce qu’étaient « les pierres précieuses au Moyen Age ».

Jusqu’en 1475 où apparaît la taille, la valeur de la pierre tient à sa forme brute, à sa couleur et à son poids. L’encyclopédisme médiéval : rassemblement de tout le savoir de l’époque (le mot encyclopédie n’apparaît qu’en 1532 dans Pantagruel de Rabelais) moralise, instruit, éduque. Il a donné des traités de toutes sortes, cette littérature savante nous a légué des bestiaires, des aviaires, des herbiers et des lapidaires. C’est donc à travers ces ouvrages que l’on peut accéder au fonctionnement de la pensée médiévale. Cette pensée est pré cartésienne : elle voit le monde au travers de la religion chrétienne. En effet, dans le monde tout est création divine et c’est l’analogie qui fonde toute science. Les animaux, les végétaux, les pierres sont à disposition de l’être humain qui doit en trouver la signification.

La pensée analogique s’efforce d’établir un lien entre une chose apparente et une chose cachée, entre ce qui est présent dans le monde d’ici-bas et ce qui a sa place dans la vérité de l’au-delà. Les auteurs de ces traités, pratiquement tous moines ou clercs séculiers, entreprennent de déchiffrer le monde à travers des équivalences symboliques afin de soutenir l’éducation chrétienne.

Le miracle est au cœur de cette pensée : ainsi les effets médicinaux et les vertus magiques des pierres mentionnées dans les traités s’accumulent sans se contredire. Pierres, mais aussi substances minérales, tout est bon du moment que ces matières sont dignes d’intérêt par leur couleur, leur vertu, leur histoire, leur origine ou leur symbolisme.

L’évêque de Rennes, Marbode, rédige le plus célèbre lapidaire médiéval : de Lapidibus.

Philippe de Thaon, petit-fils d’un compagnon de Guillaume le Conquérant, rédige au début du XIIe siècle un lapidaire alphabétique puis un lapidaire apocalyptique.

Dans ces lapidaires on donne le nom de la pierre en précisant ses diverses appellations, sa couleur, puis ses vertus  mais il faut être honnête et chaste pour pouvoir en bénéficier.

Quelques exemples de pierres

L’escarboucle :

« Carbunculus », petit charbon ardent, d’une intense couleur rouge et dont la seule vertu est de briller la nuit. C’était la pierre vedette du XIIe siècle car l’idée de couleur est liée au rouge. Elle naissait dans la tête du dragon. En gravant un dragon sur l’escarboucle, on décuple sa vertu et on accentue sa luminosité.

Le rubis :

C’est la pierre de l’Amour. Le rubis rouge est associé à l’organe du cœur. La couleur rouge possède des pouvoirs énergisants et revitalisants. L’eau dans laquelle a trempé le rubis soigne les animaux, par exemple.

Le saphir :

Appelé « Panacée », guérissant presque tout. Il permet de s’évader de prison… Au XIIIe siècle, il supplante l’escarboucle. C’est la promotion du culte marial avec le manteau bleu de la Vierge. Le bleu étant la lumière divine et céleste. Le bleu suscite l’impression de sacré et laisse pleinement entrer la lumière dans l’église.

L’émeraude :

C’est la pierre de la lumière verte, elle renforce la vue et l’acuité visuelle. Elle est difficile à récolter en Orient où les griffons la gardent jalousement. Le vert est ambigu car il a mauvaise réputation et les pierres vertes peuvent être associées à la magie noire. Cette mauvaise réputation était liée au fait qu’il était difficile d’obtenir de la teinture verte car il fallait mélanger de l’arsenic et du cyanure pour stabiliser la couleur. Les gens qui travaillaient cette teinture mouraient d’où l’idée que les vêtements verts portent malheur.

Ces études, ces convictions peuvent paraître étranges, simplistes voire ridicules mais il faut se replacer dans la pensée médiévale radicalement différente de la nôtre aujourd’hui. Et dans quelques siècles, ce sera notre mode de pensée qui étonnera peut être nos descendants.

Pas de jugement de valeur !

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