« Georges LABIT (1862-1899), grand voyageur et collectionneur toulousain »
conférence le 16 mai 2018 à 18h à la Médiathèque, par Geneviève Falgas,
membre titulaire de l’Académie de Montauban.
Le Toulousain Georges Labit se passionna très tôt pour les civilisations lointaines : ses expéditions le menèrent jusqu’en Laponie, en Égypte, dans plusieurs pays d’Asie, au Japon en particulier d’où il rapporta de nombreux objets. L’époque était à la découverte du monde : l’épanouissement des sociétés de géographie, celle de Toulouse en particulier, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, est un des exemples qui traduisent cette soif de connaissances pour les pays et les peuples inconnus.
Ses expéditions furent au début plutôt des voyages touristiques, vite doublés d’un but commercial : son père tenait à Toulouse un grand magasin à l’image du Bon Marché à Paris, La Maison Universelle, où il avait ouvert un rayon d’artisanat exotique, et que son fils eut pour mission d’approvisionner.
Mais, si sa vie matérielle fut celle d’un riche bourgeois, elle ne fut pas exempte de blessures secrètes : à la suite de dettes qu’il avait contractées au cours de sa jeunesse étudiante à Paris, son père ne l’intégra jamais dans la marche de ses affaires et l’éloigna en lui confiant l’approvisionnement de La Maison Universelle. Il ressentit cette éviction avec beaucoup d’amertume.
Ce globe-trotter collectionneur rassembla un des fonds les plus anciens d’art asiatique en France. Les objets rapportés de ses voyages constituèrent l’essentiel des collections, à l’origine. En 1893, il fit construire un édifice pour accueillir ces collections : conçu dans un style mauresque, à la manière des villas orientales à la mode sur les côtes atlantiques et méditerranéennes, ce bâtiment matérialisait le goût de Georges Labit pour l’exotisme. Il est d’abord un musée, servant à l’occasion à recevoir les hôtes de son propriétaire – qui par ailleurs en permettait l’accès au public de la région.
Avec le temps, les voyages de Georges Labit se chargèrent d’un autre contenu : les objets rapportés du voyage qu’il fit en 1886 en Laponie, par exemple, sont les produits d’une véritable enquête ethnologique. Suivit le voyage au Japon, plus fructueux quant à la collecte d’objets d’art, ou plus usuels. Il les rassembla en fonction de leur utilisation dans la vie quotidienne, pour une meilleure connaissance des hommes qui les avaient fabriqués.
L’étude de ces collections permet de suivre le « voyage » des œuvres d’art rassemblées, et d’en apprécier la richesse anthropologique. Des lettres de Georges Labit, ainsi que quelques-uns de ses récits de voyage conservés dans les archives du musée, apportent leur contribution à une meilleure connaissance des pratiques de ce collectionneur. Il fut aussi un photographe passionné.
Il mourut à trente-sept ans : son père assura la continuité de l’œuvre, léguant plus tard à la ville de Toulouse le pavillon mauresque et ses collections. Après de très longues années d’abandon, et la perte d’une grande partie des collections et documents photographiques, le musée fut entièrement restauré en 1997 – enrichi par des dons successifs au cours du XXe siècle, parmi lesquels on note des objets provenant du musée Guimet de Paris – et qui comblèrent quelques vides laissés par les années d’abandon.
Un jardin de plantes asiatiques et méditerranéennes entoure l’ensemble comme d’un écrin : plus qu’une visite culturelle, le musée Labit est avant tout une invitation au voyage.