Par Bernard Ouardes
Depuis des années, Bernard Ouardes est habité par le fondateur de l’usine Ste Marguerite de Castelsarrasin, Pierre-Eugène Secrétan. Une passion qui l’a conduit à accéder à des « archives familiales » qui, en l’occurrence, permettent d’aller au-delà du personnage, afin d’en brosser un portrait global.
Le premier aspect traité par le conférencier évoque son parcours industriel : parti de rien, il devient le « Napoléon du cuivre » dans les années 1888.
De l’acquisition de l’usine de Sérifontaine en 1867, en passant par la création de l’usine Ste Marguerite à Castelsarrasin en 1877, puis le rachat des usines des frères Estivant à Givet en 1878, et surtout par l’association avec les établissements « Laveissière fils et Cie » en 1881, Pierre-Eugène Secrétan, issu d’un milieu modeste et autodidacte, est à la tête d’un empire industriel qui fait de lui le premier producteur de produits en cuivre : ¼ de la production mondiale, 30 000 t sur 130 000 t par an.
Son ascension sociale va suivre la même courbe que son ascension professionnelle. En 1880, il quitte le quartier du Marais, à Paris, pour un hôtel particulier, avenue des Champs Elysées. La même année, il fait construire une résidence secondaire à Chatou : édifice de style Louis XIII, à trois étages. En 1882, il vend son hôtel particulier, pour en acheter un plus grand, au comte Pillet-Will, rue Moncey.
Désormais, Secrétan apparaît à l’0péra, à la Comédie Française ; ses actions charitables sont notifiées dans la presse. Pour être en phase aux critères de la haute bourgeoisie, il fait l’acquisition d’œuvres d’art, ce qui finit de concrétiser une ascension sociale aboutie.
En 1888, il va tenter de contrôler le marché du cuivre, jusque là aux mains des anglais, en créant un « syndicat du cuivre », afin de passer des accords avec les principales mines de cuivre du monde, leur garantissant sur 3 ans, un prix fort raisonnable. C’était sans compter sur la riposte anglaise qui entraînera en 1889, la liquidation du Comptoir d’escompte de Paris, garant de cette opération, et la liquidation judiciaire de la « Société Industrielle et Commerciale des Métaux ». Pour conserver « son honneur intact », il vend ses biens immobiliers et sa célèbre collection de tableaux.
Il sera condamné à 6 mois de prison, mais son séjour à la Santé fut allégé : rentré le 1er juin 1891, il est gracié le 12 juillet.
Afin de garder le meilleur pour la fin d’une conférence de près de 2 heures, qui passionna le public, le conférencier nous présenta l’homme, le lutteur permanent, le père de famille et l’époux.
En conclusion, Pierre-Eugène Secrétan, va rebondir à sa sortie de prison, grâce à l’alliance avantageuse avec les frères Elmore, ingénieurs anglais. Ils le chargent de construire une usine métallurgique en France, permettant de commercialiser un brevet déposé, basé sur l’électrolyse du cuivre.
Secrétan choisi Dives sur Mer, dans le Calvados ; sa faculté d’adaptation à l’évolution scientifique va lui permettre de faire de cette usine, un modèle du genre dans la manière de travailler et de façonner le cuivre.
Il décède le 11 mars 1899, à Paris, des suites d’une congestion pulmonaire, en l’espace de 3 jours, à l’âge de 63 ans.
Le 1er juillet 1900, un hommage est rendu au fondateur de l’usine de Dives- sur -Mer, par l’inauguration d’un buste, placé dans la cour de l’établissement, représentant Secrétan, don de la famille du défunt.
A Castelsarrasin, comme ailleurs (sauf à Dives-sur-Mer où voici peu, Bernard Ouardes présentait Secrétan), tout le monde n’est pas conscient de l’importance historique de ce personnage atypique que fut Pierre-Eugène Secrétan.