Conférence par Jean Paul DAMAGGIO le mercredi 19 octobre à 18h salle Marcelle Duba.
Au cours de la causerie de l’ASPC, du 19 octobre, Jean-Paul Damaggio a tenu à expliquer le cas original de Castelsarrasin avec au moins deux familles (Girodo et Massola) qui dès 1922 ont participé au recrutement de nouveaux paysans italiens venus relancer l’agriculture du secteur.
Ainsi sur la commune, s’il n’y avait aucun Italien en 1921, ils étaient plus de 300 quatre ans après ! La commune en 1926 bénéficiait de 20% d’étrangers, essentiellement des Espagnols travaillant à l’usine et des Italiens travaillant dans les campagnes (moitié-moitié). Ce phénomène va s’amplifier ensuite avec certains, fuyant Mussolini, et d’autres l’admirant !
L’histoire va changer, non seulement à cause des conditions politiques mais aussi à cause des conditions sociales en France. Si pendant un temps les propriétés pouvaient s’acheter bon marché (par rapport au prix italien), très vite les prix vont doubler et les possibilités vont se réduire. En conséquence, si en 1926 les emplois étaient essentiellement dans l’agriculture, ensuite, il y a en 1936 une grande diversification. Cependant dans les deux cas une dizaine vont être embauchés à l’usine, la politique de l’entreprise étant de pouvoir utiliser une main d’œuvre plus facilement exploitable que les autochtones.
Que dire du racisme de l’époque ayant laissé comme souvenir deux mots : Rital et Macaroni.
Après vérification Rital vient de Zital pour raccourcir le mot les italiens.
Macaroni on comprend très bien.
Ces mots manifestent un comportement «compréhensible» vu d’en bas : d’un côté la venue des Italiens fait le bonheur des riches qui vont vendre de plus en plus cher, et le malheur des pauvres qui ne vont pas pouvoir gagner plus, vue la concurrence des travailleurs venus d’au-delà des Alpes.
Le racisme des puissants est tout autre. Le Messager du 29 décembre 1929 indique : « La rançon de cette nécessité [la présence des étrangers] qui donc ne l’aperçoit pas ? Nous allons peu à peu perdre quelques-unes des plus charmantes qualités de notre race, et le génie français bientôt deviendra, quoi qu’on en ait, un amalgame inconcevable, un produit de races diverses. On s’effraie un peu à l’idée de ce que ça donnera.»
Presque 100 ans après, un fait est évident : la France est encore plus la France ! D’ailleurs les racistes avaient un problème : ils voulaient l’assimilation des Italiens, mais ils craignaient qu’une fois assimilés ils fassent comme les Français, ils laissent le travail agricole ! Comme chacun sait la disparition du travail agricole, un temps ralentie par le sang neuf des étrangers, a continué pour des raisons plus profondes que les questions de l’immigration. Un prochain épisode est prévu pour la période 1936-1952 où il serait utile d’évoquer la situation des femmes italiennes souvent oubliées dans les études.
Le texte de l’intervention est disponible sur le blog des Editions la Brochure.