Mercredi 16 octobre : « Quand Mouloudji épousa Lola à Castelsarrasin »
Comme souvent, Jean Paul Damaggio a entraîné son auditoire à la découverte d’un petit moment méconnu de l’histoire de Castelsarrasin, en écho à la période tragique de la seconde guerre mondiale.
En cette fin de guerre, le 15 juillet 1944, Marcel Mouloudji se marie à Castelsarrasin avec Louise Fouquet dite ‘’Lola’’. Voyons les circonstances qui ont entraîné ce couple d’artistes parisiens jusqu’à notre cité. Mouloudji est né d’un père kabyle, maçon, analphabète et d’une mère bretonne qui sombrera dans la folie. Enfant du Paris populaire de l’entre-deux guerres, avec son frère il exerce de nombreux petits boulots. En 1935 il intègre un collectif théâtral marqué à gauche, le groupe Octobre. Adolescent, il sait alors saisir sa chance quand elle se présente.
C’est d’abord Jean Louis Barrault qui l’hébergera longtemps et qui l’introduit dans le monde artistique de Paris. Il rencontre des grands noms du milieu intellectuel de Saint Germain des Prés qui l’adoptent immédiatement. Ainsi, Marcel Duhamel devient son protecteur, grâce à Jacques Prévert et Marcel Carné il devient acteur, il fréquente Sartre et Simone de Beauvoir qui l’encouragent à écrire (‘’Enrico’’ prix de la Pléiade). C’est un adolescent dilettante et un peu touche à tout qui va rencontrer ‘’Lola’’, Louise Fouquet de son vrai nom, une jeune artiste qui deviendra son agent artistique et lui restera attachée toute sa vie.
Pendant la guerre, de par sa proximité avec le groupe Octobre il vit une semi- clandestinité et parvient à échapper au STO (service de travail obligatoire en
Allemagne). De son côté Lola est arrêtée par la Gestapo puis libérée. Il est temps pour le couple, accompagné du père de Mouloudji, de se mettre en sécurité dans le sud
de la France.
Et c’est à Castelsarrasin qu’ils vont s’installer sur les conseils d’un ami musicien, Louis Bessières. Loin de l’atmosphère quasi insurrectionnelle de la
capitale, durant ce moment de pause, Marcel et Lola décident de se marier ; c’est Émile Bru, adjoint au maire Adrien Alary qui officiera lors de la cérémonie en mairie. Mais comme à Paris, le climat social à Castelsarrasin est fiévreux, la parole se libère d’autant
que l’on suit l’avancée des Alliés en Normandie et en Provence. C’est un climat de suspicion qui s’installe entre les habitants mais surtout envers les nouveaux venus dans la cité. Le couple décide donc de retourner à Paris où Mouloudji va retrouver la vie artistique de Saint Germain des Prés et entamer une carrière de poète et surtout d’interprète des chansons de Prévert, Trenet, Ferré, Vian avec sa voix troublante, légèrement voilée, si reconnaissable…mais cela est un autre refrain !
Lola sera toujours en soutien à ses côtés comme épouse même si elle ne sera pas la mère des deux enfants qu’il aura par ailleurs, et comme impresario lorsque, encouragé par Jacques Canetti, il entamera la carrière de chanteur que l’on connaît. Leur histoire se terminera par une séparation en 1969.