Issu d’une vielle famille originaire de Saint Nicolas de la Grave mais implantée à Castelsarrasin depuis le début du 18ème siècle, Louis de Guiringaud choisit, comme nombre de ses aïeux, de servir la France. Pupille de la Nation après la mort en novembre 1914 de son père qui était officier de cavalerie, il fait des études supérieures à Paris puis choisit la carrière diplomatique au moment où la guerre couvait en Europe, prenant le risque d’être au cœur du conflit. Il a la chance de trouver à Ankara en Turquie une personnalité hors du commun, René Massigli, qui sera son mentor.
Mobilisé comme officier de réserve il connaît la guerre, une première fois au Liban en 1941 puis, revenu en France en 1942 il y retrouve René Massigli appelé à Londres par le général de Gaulle. Tous deux doivent être exfiltrés de France occupée.
Des messages personnels de la BBC précisent que « Melpomène se parfume à —- » indiquant la date de l’embarquement clandestin sur la côte d’Azur. Après plusieurs échecs et avoir épuisé tous les parfums, cette opération maritime est annulée et remplacée par une opération aérienne qui doit emporter René Massigli, et lui seul, par avion. René Massigli arrive enfin à Londres et devient Commissaire au Affaires étrangères de la France Libre.
De son côté Louis de Guiringaud quitte la France par les Pyrénées. Emprisonné un temps à Barbastro en Espagne, il rejoint Alger à l’automne 1943 et devient chef de cabinet de René Massigli qu’il a enfin retrouvé. Il demande à être remobilisé début 1944 et participe à la fin de la campagne d’Italie de Rome à Sienne puis à la campagne de France au cours de laquelle il est gravement blessé début 1945 en Alsace.
Il reprend le cours de sa carrière en 1946 à Londres et enchaine ensuite différents postes à l’étranger. Assurant l’intérim du représentant de la France empêché, il préside le Conseil de Sécurité de l’ONU en octobre 1956 au moment où se déclenchent les crises de Suez et de Budapest en pleine guerre froide. Il se trouve ainsi acteur de l’histoire du monde et défend avec force la position de son pays devant le Conseil de Sécurité et devant l’Assemblée Générale.
Après une première ambassade au Ghana, il retourne en Algérie après son indépendance, acteur cette fois de l’histoire de France lorsqu’il faut réaliser les nécessaires transferts de souveraineté dans un climat difficile. Il est ensuite nommé ambassadeur au Japon.
Elu conseiller municipal de Castelsarrasin en 1971, il intervient auprès du ministère de l’Education Nationale, sans succès, puis du Premier ministre Chaban Delmas, avec succès cette fois, pour débloquer le dossier de construction du lycée de 600 élèves que la ville attend depuis longtemps et qui fait sa fierté aujourd’hui.
Pendant un nouveau séjour à New York, il est nommé ministre des affaires étrangères dans le premier gouvernement de Raymond Barre en août 1976. Consécration de sa carrière de diplomate, il va encore parcourir le monde pour rencontrer tous les leaders et expliquer inlassablement la position de la France. Il mesure alors combien la politique étrangère de la France est exigeante en raison du rôle particulier que joue notre pays dans le monde, par sa langue, sa culture, ses valeurs.
Il quitte le Quai d’Orsay et le service de la France fin 1978. Il nous quitte trop tôt en 1982. Pierre Boé maire en exercice de Castelsarrasin dira de lui devant sa tombe qu’il était un « Castelsarrasinois de cœur ».