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Histoire de la Maison d’Espagne

Le 15 décembre 2021  à 18h.  – Salle Marcelle Duba – au Centre Culturel

‘’Architecture de la Maison Italienne, 10 rue du Collège à Castelsarrasin’’.

Dès sa création, en 1993, l’ASPC s’est intéressée à cet hôtel particulier. Ainsi, Mr. Ouardes se propose de mettre en évidence l’architecture de style Renaissance de cette ‘’Maison Italienne’’ comme la désignait déjà Paul Vasilières.

Tout d’abord il semble indispensable de se rappeler ce qu’a été le mouvement de la Renaissance. Né en Italie, mouvement à la fois littéraire et artistique, nourri par des préoccupations humanistes et esthétiques, en particulier dans l’architecture, et qui s’est pleinement exprimé surtout au XVIème siècle.

Il y eut d’abord une période de transition, fin XVème siècle, « Style Louis XII », qui trouva son inspiration dans l’architecture grecque et romaine, mais la construction est gothique.

Lui succède « La Première Renaissance » qui correspond au règne de François I°. Le château de Chambord, où le souci de régularité et de symétrie architecturale n’empêche pas l’élégance, en est la meilleure illustration.

A la fin du XVIème siècle, époque de la ‘’Deuxième Renaissance’’ (Style Henri II), la construction devient classique. L’harmonie parfaite ne va pas sans une certaine froideur que l’on retrouve dans le château du Louvre avec la présence des trois ordres : dorique, dorique et corinthien. A Toulouse, l’hôtel d’Assezat, avec ses façades polychromes, ses nombreux chapiteaux, son imposante tour d’angle est l’exemple même d’un hôtel de style Renaissance.

Au début du XVIIème siècle on voit également apparaître une architecture plus adoucie, faisant place à une recherche du raffinement et de l’effet de surprise. Ce mouvement : le ’’Maniérisme’’, s’incarne dans la construction du Pont Neuf et de la place Dauphine de forme triangulaire, ainsi que de la place Royale (actuellement place des Vosges) et ses façades de briques et de pierres.

Mais sous le règne de Louis XIV l’architecture va évoluer vers un style plus français au service de la puissance royale dont elle doit être le témoignage. Plus de rigueur et de symétrie mais toujours une volonté de splendeur et de magnificence qui trouvent leur accomplissement lors de la construction du château de Versailles.

                Après ce rappel, Bernard Ouardes est revenu sur le sujet de son intervention, les origines de la Maison d’Espagne et l’étude de son architecture.

A la lumière des dernières recherches on peut affirmer que c’est le sieur François Delpech dit ‘’Joli Cœur’’, maître maçon de profession qui, à la suite de l’achat de plusieurs parcelles, semble être à l’origine de sa construction durant la 2ème partie du XVIIème siècle.

Après plusieurs propriétaires il faut attendre 1749 pour voir apparaître le nom de François Ignace d’Espagne dans l’acte de vente, signé par sa veuve, concernant :’’une maison construite de briques, à plusieurs étages, avec cours, granges, greniers et autres appartements.’’ Cet acte de vente confirme la présence de la famille d’Espagne au 10 rue Saint Louis. La date d’acquisition étant communément située vers les années 1730.                     

Mais qui était Jean François Ignace d’Espagne ?  C’était le descendant d’une famille terrienne installée à Castelsarrasin, dès le XIIIème siècle. Cette famille donnera plusieurs Capitouls et Conseillers au Parlement de Toulouse où ils résideront le plus souvent. Ignace d’Espagne lui-même, docteur et avocat en Droit, nommé Conseiller au Parlement de Toulouse sera installé maire de Castelsarrasin en 1712. Il décèdera le 5 avril 1742.

                 Mais pourquoi parler de ‘’Maison Italienne’’ ? Pour Bernard Ouardes, il suffit d’observer les façades, en particulier celle de l’aile gauche. Un superbe fronton de style Louis XIII  , l’association polychromique de briques, d’enduits partiels blancs, évoquent les caractéristiques de l’architecture de la ‘’ Deuxième Renaissance’’. On retrouve d’ailleurs les mêmes éléments architecturaux dans l’Hôtel de Beaufort.

L’attention de Bernard Ouardes s’est bien sûr portée sur la fameuse tour d’angle reposant en encorbellement par des voûtes en arceau tronquées, sur des piliers adossés au mur, faits de colonnes engagées comme la décrit Paul Vasilières. En continuité de la façade on retrouve l’enduit blanc en décoration qui, ici, prend le dessus sur la brique.

Pour ce qui est la partie supérieure, on est frappé par le travail remarquable de l’utilisation de la brique pour le dôme en arrondi, de la lanterne aux quatre ouvertures et de son pignon. Cela évoque la Première Renaissance et les toitures du château de Chambord.

Les dépendances de cet Hôtel Particulier ont servi pendant longtemps de relais de poste, d’auberge et autres activités commerciales.  C’est grâce aux archives et au témoignage de la famille Capelle (présente lors de la conférence) qui l’a occupé pendant 70 ans que l’on peut se faire une idée de l’architecture intérieure. L’aile centrale avec son escalier et ses balustres de style Louis XV, les cinq chambres à l’étage, avec un point d’eau dans certaines ou la cheminée en bois massif disparue dans un incendie.

Le temps faisant son œuvre, les façades se dégradent et la tour d’angle menace de s’effondrer. C’est Paul Vasilières qui, s’intéressant à l’architecture de ce qu’il nomme la ‘’Maison Italienne’’ obtiendra son inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.

Mais les dégradations continuent et Monsieur Capelle n’ayant pas les moyens de restaurer la tour qui devient dangereuse, sa démolition est ordonnée en mars 1956.

   Ce n’est qu’en 1997 que la maison, dans un état très dégradé, sera rachetée par la Municipalité.

En 1993, dès sa création, L’ASPC s’était intéressée à la ‘’Maison Italienne’’ et avait choisi pour logo un croquis de la tour disparue.

                Enfin, Bernard Ouardes évoque la réhabilitation de cette ‘’Maison Italienne’’. Elle s’est faite avec le désir d’en faire un centre culturel à vocation muséale. Sur le plan architectural cette réhabilitation lui semble plus contestable, en effet, il prend en exemple la reconstruction non à l’identique de la tour d’angle dont l’axe de construction a été détruit, son dôme en briques remplacé par un dôme en zinc, la façade intérieure où la jolie polychromie des briques et d’un enduit blanc a été oubliée.

                 En conclusion, pour Bernard Ouardes il est regrettable que dans ce bijou de notre patrimoine local construit à l’initiative de Jean François Ignace d’Espagne, malgré les efforts artisanaux déployés, les caractéristiques du style Renaissance italienne aient été oubliées ou mal remises en place.