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Castelsarrasin au temps des cathares

Le 20 avril 2022 à 18h à la salle Marcelle Duba, conférence par monsieur Georges Passerat,
président de la société archéologique de Tarn et Garonne.

Devant un auditoire très nombreux et attentif Georges Passerat rappelle tout d’abord que le Catharisme, bien qu’il n’ait pas duré longtemps en raison de la violente persécution dont il a fait l’objet entre 1200 et 1300, a profondément marqué la culture du Midi de la France, en témoignent les nombreux vestiges architecturaux et culturels. Et si les châteaux cathares de l’Ariège et du Languedoc se visitent encore aujourd’hui, le Quercy et le Tarn et Garonne, à la croisée de trois églises cathares, sont riches de nombreuses anciennes places fortes hérétiques ( Albi, Puylaroque, Caussade, Montauban….)

A Castelsarrasin et sur les rives de la Garonne on peut voir vivre une vraie communauté d’une centaine d’adeptes à la barbe des religieux de Moissac et de Belleperche. C’est d’abord une foi paisible dite ‘’catharisme des maisons’’ sous la protection des comtes de Toulouse, Raymond VI et Raymond VII. Mais Simon de Montfort au nom de l’Eglise et du pouvoir royal inquiets lance ses Croisés   contre les hérétiques (croisade des Albigeois) et s’empare de l’Occitanie. Les persécutions vont forcer les cathares à se cacher et à se défendre ( Un poème anonyme ‘’La Cansiou’’ raconte leur résistance )  ce sera ‘’le catharisme des grottes et des châteaux’’. Puis les tribunaux de l’Inquisition (qui n’hésiteront pas à faire usage des bûchers) vont poursuivre la répression des ‘’Parfaits’’ et des ‘’Bons Hommes’’ de foi cathare.  C’est d’ailleurs à travers la transcription des procès et des lettres de pénitence de cathares de Castelsarrasin que l’on peut le mieux connaître les rites et engagements qui fondaient la force de leur foi et comprendre comment à travers tout un réseau de soutiens ils ont pu étendre leur influence.

Georges Passerat rapporte le témoignage de l’activité des inquisiteurs lors du procès  du  castelsarrasinois Pons Grimoard (ancien sénéchal du comte de Toulouse Raymond VI). Nous apprenons dans sa déposition qu’il lui est reproché d’avoir été soigné par le médecin des Parfaits, Guilhem Raimon, qu’il a assisté à des prédications. Lors de sa conversion (l’hérétication) il s’est rendu à Corbarieu pour y recevoir le ‘’consolament’’ des Parfaits (sorte de sacrement). Plus tard, en 1223, il a accueilli chez lui de hauts dignitaires de l’Eglise Cathare. Ce qui engendrera une dispute entre les Parfaits et le curé de Saint Sauveur. Lors du siège de Castelsarrasin par les Croisés il retrouvera à Toulouse d’autres castelsarrasinois très actifs comme Aimeric de Bressols ou Guilhem Faure. Il soutien le Comte de Toulouse Raymond VI pour briser le siège de Castelsarrasin par les Croisés. C’est alors l’époque des prêches au grand jour, où l’on discute théologie en pleine rue et sur les marchés. Les allées et venues entre Castel et Moissac sont fréquentes. Cette fraternité se retrouvera lorsqu’il s’agira d’aider à fuir ces hommes et ces femmes traqués par les croisés, affamés, épuisés. (Certains castelsarrasinois feront partie des derniers résistants de Montségur). Le témoignage direct du Bayle de Moissac Oth de Barèges évoque la résistance des habitants malgré les pénitences pour crime d’hérésie infligées par les inquisiteurs.

Pour conclure le conférencier insiste sur le nombre important de familles de la région Castel-Moissac gagnées par l’hérésie. On peut citer les familles Barèges, Bressols, Grimoard, Calvasou. Parmi les ‘’parfaits’’ on peut citer Ramon Imbert qui se réfugiera à Montségur avant de fuir en Italie. Les ‘’parfaites’’ Bernarde Targuier et Raimonde Cavalsou. Cela s’explique par le grand nombre de dignitaires cathares venus soutenir cette Eglise dans notre région et plus tard chercher un soutien au moment des persécutions.