«

»

Frédéric Cayrou

Mercredi 15 novembre – Médiathèque de Castelsarrasin, salle Marcelle Duba à 18 h  

Conférence de Jean Paul Damaggio  ‘’ La vie castelsarrasinoise de Frédéric Cayrou’’

Frédéric Cayrou (1879-1958) vécut 40 ans de sa vie sur la commune de Castelsarrasin et 40 ans à Montauban et Montpezat de Quercy. Fils d’un couple d’instituteurs ruraux il vécut d’abord au cœur des paysans de Saint Martin Belcassé. Un grand-père était de Bourret et l’autre de Sérignac. Il aima tellement cette proximité à la vie rurale qu’il décida de devenir vétérinaire. L’obtention de ce diplôme en 1904 croisa une demande de vétérinaire pour le cirque Buffalo Bill et s’il a pu entrer au service de ce spectacle gigantesque (20 000 spectateurs) c’est qu’à Lavilledieu il avait déjà soigné les animaux du cirque Pinder qui y passaient ses hivers.

Après un mariage en 1907, la naissance de deux enfants, comme tout le monde il allait être frappé par la guerre 14-18. Sa fonction de vétérinaire lui a permis de partir aux USA pour y acheter les chevaux nécessaires à l’armée. Comme d’autres il aurait pu tomber amoureux de cette civilisation nouvelle, mais en restant dans le nord-est du pays, il découvrit une société plus soucieuse de l’argent que des hommes, et qui repoussa toujours plus vers l’ouest des Indiens qui étaient « si chers à son imagination enfantine ».

Il décida alors de transformer sa nostalgie pour Saint-Martin en poésies. Dans la civilisation paysanne qu’il avait connue, les vendanges n’étaient pas seulement une activité économique mais une fête, et la fête du village une aventure collective. Autant d’éléments inexistants dans un pays comme les USA où l’agriculture n’était qu’une industrie. Pour cet hommage aux paysans, il se devait d’écrire en sa langue maternelle, celle de « sa plus tendre enfance », le patois. Bien sûr ses parents instituteurs avaient dû à l’école faire la guerre au patois des enfants qui y entraient, mais ensuite à la maison dans le voisinage c’est ce parler qui était le moyen de communication.

En conséquence sa graphie était incohérente car son souci n’était pas la conformité avec un occitan cher à son ami Perbosc, mais l’écriture d’une langue lisible par les paysans. Observons que pour lui, Castelsarrasin n’a jamais été la version « occitaniste » qui ore l’entrée de la ville, mais la version populaire toujours utilisée : Lous Sarrazis. Cette civilisation qu’il a voulu défendre était d’abord de culture orale, quand pour certains la dignité d’une langue passe par sa forme écrite.

A Castelsarrasin, comme vétérinaire de 1907 à 1914, et où son père était maire et conseiller général de 1908 à 1919, il habitait Boulevard Flamens près du  collège de jeunes filles où sa femme travaillait. Père et fils ont leur nom de rue en ville, peut-être une plaque sur sa maison pourrait compléter l’hommage à un créateur occitan devenu sénateur et qui par son comique reste unique en France.

A la fin le conférencier a pu proposer un petit livre à la gloire de la vie castelsarrasinoise de Frédéric Cayrou (si on veut être puriste en matière de langue : Frederic Cairon).