«

»

Dr Outel Bono

Conférence donnée le mercredi 20 novembre à 18h à la Médiathèque, par J.P. Pabanel

Dr Outel Bono, « le tchadien de Castelsarrasin ».

Nous sommes le 26 août 1973, à Paris, rue de la Roquette, deux coups de feu retentissent avant que l’assassin ne prenne la fuite. Le docteur Outel Bono, opposant au régime tchadien vient d’être assassiné. Il sera enterré à Castelsarrasin.

        

       Jean Pierre Pabanel s’est intéressé à cet évènement étant donné la personnalité de la victime et parce que cela avait à voir avec notre cité où il fit de nombreux séjours du fait de son mariage avec une castelsarrasinoise, Nadine Dauch.

Outel Bono est né en 1934 au Tchad, alors colonie française. En regard de ses brillants résultats scolaires il bénéficie d’une bourse pour poursuivre ses études en France. Successivement à Bordeaux, Cahors et enfin à la faculté de médecine de Toulouse. En 1960 il en sort avec un doctorat de médecine. Entretemps il se marie avec Nadine Dauch, le couple aura trois enfants.

                En 1962 il rentre au Tchad avec la volonté d’y exercer son métier. Le pouvoir du président Tombalbaye tente de rallier les jeunes cadres récemment formés à son parti politique, mais Outel Bono ne rentre pas dans le moule. Il faut dire que cette époque est une période de grande effervescence politique nationaliste et qu’il va y prendre toute sa part.

De nombreux mouvements de protestations se manifestent. Le docteur Bono condamne la politique gouvernementale qui ne peut qu’engendrer la misère croissante des masses populaires.  En 1963 il est accusé de complot contre l’état et condamné à mort. Une campagne internationale de protestation lui permettra de bénéficier d’une mesure de grâce. Une force d’opposition, le FROLINAT se met en place entrainant répression et arrestations. Dans ce contexte politique Outel Bono apparaît comme une alternative au pouvoir en place. En 1973 le Dr. Bono s’apprête à lancer le Mouvement Démocratique de Rénovation Tchadienne (le MDRT) Il proposait une solution politique qu’on appellerait une troisième voie entre le pouvoir de TOMBALBAYE et la rébellion armée du FROLINAT.

 

                L’assassinat du Dr. Bono va correspondre avec l’annonce de la création de ce mouvement. Alors, crime politique comme le pensent Nadine Bono son épouse, ainsi que les partis d’opposition ? Le pouvoir tchadien évoque, lui, des rivalités internes à l’opposition. Les enquêtes judiciaires vont mettre à jour l’activisme de personnages troubles autour d’Outel Bono ainsi que des membres de services plus ou moins secrets du coté tchadien aussi bien que du côté français.

                Nous avons là un véritable puzzle politico-judiciaire. La justice française après une procédure de 9 ans, prononcera un non-lieu et clôturera l’affaire en 1983. Entretemps, Nadine Bono (qui a été enseignante au collège Jean de Prades de Castelsarrasin) et l’avocat et ami Pierre Kaldor auront tout fait pour que justice soit rendue sur l’assassinat de son mari. En 1975 elle interviendra une dernière fois, en vain, auprès du Président Giscard d’Estaing. Elle décède en avril 2015 à Castelsarrasin, Seule subsiste une plaque commémorative de l’assassinat, rue de la Roquette.